Le démantèlement de la « jungle » de Calais a démarré lundi 24 octobre à l’aube. L’association Sara se prépare à les accueillir.
À Marseille, on se prépare à accueillir les migrants de Calais
Le démantèlement de la « jungle » de Calais a démarré ce lundi 24 octobre à l’aube. 6500 migrants, selon le gouvernement, vont être répartis sur tout le territoire, Corse et Ile-de-France exceptées.
Depuis l’annonce du démantèlement de la « jungle » par François Hollande le 26 septembre, les structures d’accueil pour migrants s’organisent sur tout le territoire. C’est le cas à Marseille, où trois associations (Adoma, le Secours Catholique et Sara) se préparent aux premières arrivées. Depuis le mois d’avril, l’association Sara gère un Centre d’Accueil et d’Orientation (CAO, voir encadré) dans le 13ème arrondissement. Jusqu’à présent, c’était le seul établissement de ce type de la ville. Il a vu passer une cinquantaine de migrants. « On se tient prêt à accueillir des migrants dans notre CAO pour les héberger, les nourrir, les accompagner et les orienter » témoigne Sylvain Rastoin, directeur général de Sara.
L’arrivée et l’accueil
Les premières heures après l’arrivée sont cruciales. Faute d’informations, la plupart des migrants ne savent pas exactement dans quel type d’établissement ils s’installent. Établir un lien de confiance constitue la première des préoccupations. « En général, ils arrivent épuisés par le voyage, leurs conditions de vie dans la jungle et leurs parcours de migration. Nous les laissons souffler une demi-journée, se reposer, et ensuite commence avec eux le travail d’identification, des situations administratives etc ». Dans ce CAO, vingt places sont réparties dans dix studios. Les migrants disposent d’une liberté de circulation totale, sans surveillance, même si un maître, ou une maitresse, de maison est présent. Ces derniers sont « chargés de surveiller la vie quotidienne, d’aller à la banque alimentaire, d’organiser des sorties pour découvrir le coin, d’emmener les personnes à l’hôpital, chez le médecin ou à la préfecture, d’organiser des activités sportives ». Des cours de Français sont aussi dispensés, au moins trois fois par semaine par des bénévoles.
L’Etat assure le financement
C’était un engagement de l’Etat. Une manière aussi de limiter la fronde de certains élus locaux qui refusent l’installation de CAO dans leurs fiefs électoraux. L’Etat finance ces centres à hauteur de 25€ par jour et par personne. Cette somme comprend « le loyer, le salaire des intervenants, les déplacements des personnes et une petite aide financière, de l’ordre de 20€ par semaine qui leur sert aux petits achats. Ce montant sert aussi à pallier aux besoins médicaux, même si des médecins bénévoles nous aident » détaille Sylvain Rastoin. « C’est beaucoup et peu à la fois, ça permet de les accueillir de façon digne, en même temps on ne va pas très loin avec non plus ».
Un premier retour sur expérience positif
Depuis avril, l’association dispose d’une certaine expérience dans la gestion d’un CAO. Son directeur général nous assure que le premier bilan est positif. « Nous avons une douzaine d’établissements qui accueillent tout public, migrants, SDF, personnes en difficultés sociales etc. De très loin, c’est notre établissement le plus apaisé, le plus calme. Les personnes sont jusqu’à présent extrêmement respectueuses des équipes et de l’environnement ». Pourtant, au départ, les habitants du quartier et la mairie de secteur, dirigée par Stéphane Ravier (FN), émettent des réserves, voire une franche opposition. Pourtant, le bâtiment sert à l’accueil d’étrangers depuis plus de dix ans. « Ils ne savaient tout simplement pas que l’on existait » éclaire Sylvain Rastoin. « Il y a eu beaucoup de réactions d’abord négatives, puis nous avons invité les responsables du CIQ et la population à venir. Et depuis plus rien. Nous sommes discrets parce que nous n’avons pas vocation à être autre chose. Il n’y a pas eu le moindre incident, le moindre trouble ni de la part des migrants ni de la part des voisins d’ailleurs. ».
Du côté de la mairie de secteur (13ème et 14ème arrondissements), l’association assure ne pas avoir de contacts avec Stéphane Ravier. « Je sais très bien que monsieur Ravier n’est pas favorable à l’accueil des migrants, mais il n’est pas le seul. Malheureusement, tous les maires d’arrondissements sont opposés à ce que les migrants s’installent sur leur secteur. Idem pour monsieur Ravier. S’il nous contacte il est le bienvenu, il est un élu et a toute la légitimité pour le faire ».
- Citation :
- CAO et CADA :
Centre d’Accueil et d’Orientation: À l’origine prévus pour accueillir les migrants arrivant des hotspots d’Europe (centres d’enregistrement des demandeurs d’asiles situés aux frontières de l’Europe qui les répartissent dans les différents pays. L’Union Européenne s’est engagée en 2015 à en répartir 160 000. À ce jour, elle en a pris en charge environ 5 600). Aujourd’hui, ils servent à l’accueil des migrants de la « jungle » de Calais. Un CAO permet d’héberger un migrant et de l’aider à faire les démarches administratives nécessaires. Une fois que sa demande d’asile est enregistrée, il quitte de CAO et est placé en CADA ou envoyé dans un autre pays d’Europe s’il y est éligible à une demande d’asile. En moyenne, un migrant passe 3 à 5 mois en CAO.
Centre d’Accueil pour Demandeurs d’Asile: Centres d’hébergement sur une plus longue durée (8-10 mois). Le demandeur d’asile y est logé une fois sa demande d’asile faite, le temps qu’elle soit traitée par l’Ofpra (Office français de protection des réfugiés et apatrides).
Source : http://www.go-met.com/marseille-on-se-prepare-accueillir-les-migrants-calais/